Lorsque nous nous apprêtons à reprendre la route au petit matin, après une nuit de sommeil réparateur dans notre nouveau home, le moral est au beau fixe .
Notre première expérience dans un "holyday park" nous laisse en effet sur une impression très favorable.
Nous avons trouvé sur place des sanitaires et des cuisines impeccables et conformes au descriptif des prospectus (serions-nous dans un pays respectueux de ses visiteurs?). Nous avons par ailleurs apprécié le système de chauffage électrique performant de notre camping car ainsi que ses coussins suffisamment souples pour constituer des couchettes acceptables.
Nous sommes donc optimistes pour la suite de notre périple.
Avant de quitter les lieux nous demandons à la gardienne si nous pouvons passer un petit coup de téléphone. Elle est désolée car le sien est en panne mais nous informe avec gentillesse que nous en trouverons un à 4 kilomètres de là "sur la route à gauche" (on ne pourra pas le rater, la cabine est rouge... comme à Londres!). Nous sommes étonnés et perplexes...Le téléphone est-il une denrée rare en Nouvelle Zélande? Nous verrons bien.
La température est fraîche (nous sommes encore en hiver!) le ciel est légèrement couvert mais nous sentons que le soleil ne va pas tarder à se montrer. Sur la route en direction de Dunedin la circulation est quasi nulle et les quelques véhicules que nous rencontrons roulent très paisiblement. A perte de vue nous voyons des moutons dans les immenses parcs bordés d'immenses haies taillées au cordeau mais ne nous voyons pas âme qui vive!
Nous attendons donc tranquillement, le compteur bien stable à 80 km/h (vitesse limite en vigueur en NZ) , le premier village... à 50 km!
Le trajet est assez monotone mais la compagnie de tous ces moutons qui nous cernent nous fournit de bonnes distractions comme par exemple à cet instant où ma navigatrice s'exclame "Regarde, regarde là... il y a 2 moutons qui se montent dessus! Arrête toi je vais prendre une photo!" Comme il me semble avoir déjà vu ce genre d'ébats ailleurs je ne prête pas attention et continue mon chemin en m'étonnant de cet accès de voyeurisme chez une personne au dessus de tout soupçon! Ce n'est que bien plus tard que j'ai compris ma méprise en voyant nos amis les bêtes jouer à la pyramide humaine comme nos meilleurs acrobates.
Le temps passe agréablement donc et un peu avant Timaru nous quittons la route côtière pour prendre la direction d'Aoraki au pied du Mont Cook, sommet de la Nouvelle Zélande, que nous tenons absolument à voir de près. Nous avons lu en effet qu'il y avait là-bas de grandes facilités pour se loger (hôtels, campings etc...) Nous avons également lu qu'il y avait d'innombrables activités possibles très alléchantes (randonnées, escalade, cheval, vols en hélicoptère avec poser sur les glaciers, navigation sur les lacs d'altitude etc...)
La route devient un peu plus sinueuse alors que nous nous engageons vers l'intérieur.
Geraldine, la première agglomération digne de ce nom que nous rencontrons depuis notre départ de Christchurch, semble être un décor planté là, au milieu de nulle part, pour le tournage d'un Western!
Il n'y manque que les chevaux devant le saloon. Les ressources de ce village de 3500 habitants sont essentiellement liées à l'élevage et à l'exploitation forestière. Nous cherchons un bar accueillant pour prendre un petit café mais ce genre d'établissement n'existe apparemment pas ici. Il y a bien des bars mais ils ne sont pas accueillants. On a nettement l'impression que dans ces lieux perdus on va à l'essentiel: pour un bar par exemple des tables, des chaises et un comptoir suffisent amplement; le reste n'est que fioritures. Il faudra s'y habituer.
Nous ne nous attardons pas et filons vers notre objectif.
Le décor change et bientôt nous apercevons au loin des sommets enneigés, étincelants sous le soleil.
Lorsque nous débouchons à la sortie d'un virage sur le lac Tekapo nous sommes saisis par la splendeur et la majesté des lieux.
La structure très particulière du relief composé de hautes montagnes très abruptes cernant des plaines très plates et très larges nous donne une impression d'immensité qui nous coupe le souffle. Tout là-bas, à l'infini, loin derrière le lac nous devinons le sommet du Mont Cook dominant tous les autres. Nous restons silencieux, attentifs à la symphonie fantastique de la nature.
La route qui nous conduit à Aoraki est quasiment déserte. Le sentiment de nous enfoncer vers le bout du monde nous envahit et nous nous demandons si nous pourrons, comme nous l'avons prévu, passer la nuit au pied des glaciers. Nous sommes malgré tout assez optimistes et avons bon espoir de trouver un "Holyday Park". L'absence de végétation sur les 50 kilomètres que nous parcourons accentue l'impression d'isolement. Il ne doit pas faire bon tomber en panne par ici!
Lorsque nous touchons enfin au but notre déception est grande de constater que le village est désert. Aoraki s'apparente plus à La Bérarde en Oisans qui ne vit que l'été, qu'à Chamonix. Nous profitons malgré tout quelques instants du décor somptueux qui nous entoure et faisons demi tour.
A cet instant nous prenons véritablement conscience que la Nouvelle Zélande doit s'apprivoiser, que nous devons petit à petit en découvrir le mode d'emploi.
Très sous peuplée l'île du Sud où nous nous trouvons offre sa nature magnifique, ses immenses espaces vierges mais il ne faut jamais espérer y trouver les services ou les commodités qui nous facilitent tellement la vie dans nos contrées. Il faut donc prévoir de parcourir de très longues distances sans rencontrer la moindre station de carburant ou le moindre commerce. Un minimum de prévoyance est nécessaire pour ne pas risquer la déshydratation , l'hypoglycémie ou de tomber en panne sèche. Pour les randonneurs il ne faut pas vous attendre à trouver une montagne très aménagée avec des sentiers nombreux et bien balisés et des refuges confortables. Vous devez être très autonomes.
Le confortable Holyday Park du village de Twizel, dans la région de Canterbury, nous accueille en fin de journée. Il est presque désert et nous pouvons nous installer où nous voulons. Les sanitaires, l'immense cuisine et le salon sont à notre entière disposition. C'est le grand luxe!